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points de mon esprit, d’où je tire une conclusion que je vous laisse à méditer.


146. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 18e mars.

Je reçois deux paquets ensemble qui ont été retardés considérablement, puisque j’ai reçu une lettre du 4e mars écrite depuis une de celles-là. Aussi, ma bonne, je ne comprenois point que vous ne me disiez pas un mot de votre entrée à Aix, ni de quelle manière on vous y avoit reçue. Vous deviez me dire si votre mari étoit avec vous, et de quelle manière Vardes honoroit votre triomphe. Du reste, vous me le représentez très-plaisamment, avec votre embarras et vos civilités déplacées. Bandol vous est d’un grand secours ; et moi, ma petite, hélas ! que je vous serois bonne ! Ce n’est pas que je fisse mieux que vous, car je n’ai pas le don de placer si vite les noms sur les visages ; au contraire, je fais tous les jours mille sottises là-dessus : mais je vous aiderois à faire des révérences. Ah ! que vous êtes lasse, mon pauvre cœur, et que ce métier est tuant pour Mademoiselle de Sévigné, et même pour Madame de Grignan, toute civile qu’elle est ! Je vois d’ici Mme du Canet. M. de Coulanges me l’avoit nommée, comme vous l’avez fait ; vous aurez trouvé sa chambre belle.

Vous me donnez une bonne espérance de votre affaire ; suivez-la constamment, et n’épargnez aucune civilité pour la faire réussir[1]. Si vous la faites, soyez assurée que cela

  1. Lettre 146 (revue en très-grande partie sur une ancienne copie). — 1. L’affaire réussit. Voyez la fin de la lettre du 10 avril 1671, et la Notice, p. 125.