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fait aussi que, sans aucune retenue, je m’abandonne d’une étrange façon à m’approuver dans les sentiments que j’ai pour vous. Adieu, ma très-aimable bonne : je m’en vais fermer cette lettre ; je vous en écrirai encore une ce soir, où je vous rendrai compte de ma journée. Nous espérons tous les jours louer votre maison[1] ; vous croyez bien que je n’oublie rien de ce qui vous touche : je suis sur cela comme les gens les plus intéressés sont pour eux-mêmes.

Vendredi au soir.

Je fais mon paquet chez M. de la Rochefoucauld, qui vous embrasse de tout son cœur. Il est ravi de la réponse que vous faites aux chanoines et au P. Desmares[2]. Il vous prie de croire que vous êtes encore toute vive dans son souvenir. S’il apprend quelques nouvelles dignes de vous, il vous les fera savoir. Il est dans son hôtel de la Rochefoucauld, n’ayant plus d’espérance de marcher. Son château en Espagne, c’est de se faire porter dans les maisons, ou dans son carrosse pour prendre l’air. Il parle d’aller aux eaux : je tâche de l’envoyer à Digne, et d’autres à Bourbon. J’ai dîné en Bavardin[3], mais si purement que j’en ai pensé mourir. Tous nos commensaux nous ont fait faux bond ; nous n’avons fait que bavardiner, et nous n’avons point causé comme les autres jours. J’ai été chez Mademoiselle, qui est toujours malade[4].

  1. 6. Voyez la lettre du 8 avril précédent, p.150.
  2. 7. Voyez la lettre 147, p. 122 et 123.
  3. 8. Chez l’évêque du Mans, avec Mme de Lavardin, qui aimait beaucoup les nouvelles (voyez la note 17 de la lettre 137). — Cette plaisanterie, bien facile à comprendre, est expliquée tout autrement par les éditeurs de 1726, dans la note assez étrange que voici : « Aller en Bavardin est une façon de parler entre elles, pour dire aller quêter des nouvelles et causer par la ville. » (Note de la lettre du 24 avril 1671.)
  4. 9. Mademoiselle dit dans ses Mémoires (tome IV, p. 271 et 273)