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chez son frère[1], qui a perdu son fils aîné, dont il est affligé.

C’étoit une grande confusion que Saint-Germain. Chacun prenoit congé ou pour aller chez soi ou parce que le Roi s’en va[2]. La Marans a paru ridicule au dernier point : on rioit à son nez de sa coiffure. Elle n’a osé me parler ; elle étoit défaite à plate couture ; elle est achevée d’abîmer par la perte de vos bonnes grâces. On m’a conté d’elle deux histoires un peu épouvantables. Je les supprime pour l’amour de Dieu, et puis ce seroit courir sur le marché d’Adhémar : tant y a, elle me paroît débellée.

Il y a un portrait de vous chez Mme de la Fayette, elle ne lève pas les yeux dessus. Mon fils a congé de venir avec moi en Bretagne pour cinq semaines : cela me fera partir un peu plus tôt que je ne pensois.

Mille personnes m’ont priée de vous faire des baisemains : M. de Montausier, le maréchal de Bellefonds et mille autres. Monsieur le Dauphin[3] m’a donné un baiser pour vous, je vous l’envoie. Adieu, ma très-chère, il est tard ; je fais de la prose avec une facilité qui vous tue. Je vous embrasse, mon cher Grignan, et vous, ma mignonne, plus de mille fois.


  1. 11. Son frère aîné, Henri comte de Matignon. Le fils qu’il venait de perdre était âgé de onze ans.
  2. 12. Le Roi allait visiter la Flandre française et les travaux de Dunkerque. En passant, il s’arrêta à Chantilly.
  3. 13. Le Dauphin avait alors neuf ans et demi.