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1671

votre enfant ; mais je n’en réponds plus depuis que Valcroissant[1] l’a mandé à Mlle de Scudéry, en se louant de vos honnêtetés, et disant qu’on vous adore en Provence. Comment vous portez-vous du voyage que vous avez fait à Marseille ? Mais n’êtes-vous pas résolue de vous bien conserver et ne voulez-vous pas bien, ma bonne, que je sois un peu en peine de vous ? Il est impossible que cela ne soit pas.

Je dînai hier chez Mme de Villars avec M. de Vindisgrats[2], deux autres de son pays, M. et Mme de Schomberg[3], M. et Mme de Béthune[4] : la plupart des amants étoient des Allemands[5], comme vous voyez. M. de Schomberg est un des plus aimables maris du monde, sans compter que c’est un héros. Il a l’esprit aisé, une

  1. Lettre 163. — 1. Voyez la note 6 de la lettre 109.
  2. 2. Sans doute le comte de Windischgraetz, envoyé de l’Empereur. La Gazette le nomme Vindiskrats et dit qu’il eut audience du Roi, avec d’autres ambassadeurs, le 20 avril 1671, pour lui souhaiter un heureux voyage (à la veille du départ pour Dunkerque, de ce voyage qu’on appela la campagne des brouettes).
  3. 3. Armand-Frédéric, dernier maréchal de Schomberg, né en 1619, maréchal en 1675, quitta la France à la révocation de l’édit de Nantes et fut tué à la bataille de la Boyne (1690). Il épousa en premières noces Jeanne-Elisabeth de Schomberg, sa cousine germaine, fille de Henri-Dieterich, comte de Schomberg à Wesel, et il eut d’elle quatre fils. Il se remaria avec « Suzanne d’Aumale de Haucourt, fille de Daniel d’Aumale, seigneur de Haucourt, premier chambellan de Monsieur le Prince, amie de Mme de Grignan et de Mme de Sévigné. Elle était protestante… Moréri dit qu’elle n’eut pas d’enfants. » (Madame de Sablé, par M. Cousin, p. 434, 435.) Le nom de précieuse de Suzanne d’Aumale était Dorinice.
  4. 4. Voyez la note 9 de la lettre 132.
  5. 5. Une chanson de Sarasin (p. 70 des Poésies, édition de Ménage, 1658) commence ainsi :

    Tyrcis, la pluspart des Amans
         Sont des Allemans,
            De tant pleurer, etc.