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1671

168. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.


À Paris, ce 17e mai 1671.

Je vous écris dans la cellule de notre petite sœur de Sainte-Marie[1]. J’aime cette nièce, je lui trouve de l’esprit, et une piété qui me charme, et qui me donne de l’envie, car après tout, mon pauvre cousin, rien n’est si bon ni si solide que la pensée de son salut. Voici une créature qui en est uniquement occupée. Cela fait que je l’honore, contre l’inclination naturelle que j’aurois de ne la pas trop respecter.

Je la quitte pour vous dire que je loue fort l’occupation que vous vous donnez présentement. Elle est digne de votre esprit ; et je m’en réjouis par avance pour l’intérêt de nos neveux., qui trouveront un grand goût à ces Mémoires[2].

Je pars demain pour aller en Bretagne. J’y serai jusqu’à la Toussaint. La pauvre Grignan est sous son soleil de Provence. Si les honneurs qu’on lui fait pouvoient la rafraîchir un peu, elle seroit bien heureuse, mais je doute que rien la puisse consoler entièrement de nous avoir quittés. Écrivez-moi, monsieur le Comte, écrivez-moi dans ma province, et croyez que vous n’êtes guère moins bien auprès de moi qu’auprès de notre petite sœur, à la réserve

  1. lettre 168. — 1. Diane-Jacqueline, fille aînée du comte de Bussy et de Gabrielle de Toulongeon, religieuse au couvent des filles de la Visitation de Paris, rue Saint-Antoine. Elle fut plus tard supérieure de la Visitation de Saumur. Voyez la lettre du 24 janvier suivant.
  2. 2. Ils furent publiés en 1696, trois ans après la mort de Bussy, l’année même de la mort de Mme de Sévigné. Il en fit des lectures à sa cousine, à Livry, en 1676. Voyez la lettre du 7 octobre de cette dernière année.