1671
me fait présentement. Ah ! qu’il y a peu de personnes vraies ! Rêvez un peu sur ce mot[1], vous l’aimerez. Je lui trouve, de la façon que je l’entends, une force au delà de la signification ordinaire.
La divine Plessis est justement et à point toute fausse ; je lui fais trop d’honneur de daigner seulement en dire du mal. Elle joue toutes sortes de choses : elle joue la dévote, la capable, la peureuse, la petite poitrine, la meilleure fille du monde ; mais surtout elle me contrefait, de sorte qu’elle me fait toujours le même plaisir que si je me voyois dans un miroir qui me fît ridicule, et que je parlasse à un écho qui me répondît des sottises. J’admire où je prends celles que je vous écris. Adieu, ma très-aimable bonne. Vous qui voyez tout, ne voyez-vous point comme je suis belle les dimanches, et comme je suis négligée les jours ouvriers ? Mandez-moi si vous avez toujours le courage de vous habiller et ce que vous avez fait de provençal. Mon Dieu ! qu’on est heureux, ma bonne, de vous voir en Provence ! et quelle joie sensible quand je vous embrasserai ! car enfin ce jour viendra ; en attendant, j’en passerai de bien cruels vers le temps de vos couches.
Il a vaqué chez Monsieur une charge de vingt mille écus ; Monsieur l’a donnée à l’Ange[2], au grand plaisir de toute sa maison[3].
La Vauguyon[4], après deux ans de mariage avec Fro-
- ↑ 11. La Rochefoucauld le disait de Mme de la Fayette. « Est-ce la femme… loyale et sincère que la Rochefoucauld a appelée vraie ? » (Madame de Sablé, par M. Cousin, p. 174.)
- ↑ 12. Mlle de Grancey. Voyez la lettre du 6 avril 1672.
- ↑ 13. Tel est le texte des éditions de 1726 et 1734. Dans celle de 1754, plaisir est remplacé par déplaisir.
- ↑ 14. Marie de Stuer de Caussade de Saint-Mégrin, fille du comte de la Vauguyon, sœur du premier mari de la duchesse de Chaulnes, veuve de Barthélemy de Quelen, comte du Broutai, épousa secrètement, à l’âge de cinquante-cinq ans, André de Bétoulat, sieur de