Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 309 —

1671


je suis étonnée[1]. Je ne vis point ces derniers ; car je voulus venir coucher ici, après avoir été à la Tour de Sévigné[2] voir M. d’Harouys et MM. Fourché et Chésières[3], qui arrivoient. M. d’Harouys vous écrira ; il est comblé de vos honnêtetés : il a reçu deux de vos lettres à Nantes, dont je vous suis encore plus obligée que lui. Sa maison va être le Louvre des états : c’est un jeu, une chère, une liberté jour et nuit qui attirent tout le monde. Je n’avois jamais vu les états ; c’est une assez belle chose. Je ne crois pas qu’il y en ait qui aient un plus grand air que ceux-ci. Cette province est pleine de noblesse : il n’y en a pas un à la guerre ni à la cour ; il n’y a que ce petit guidon[4], qui peut-être y reviendra un jour comme les autres. J’irai tantôt voir Mme de Rohan ; il viendroit bien du monde ici, si je n’allois à Vitré. C’étoit une grande joie de me voir aux états, où je ne fus de ma vie ; je n’ai pas voulu en voir l’ouverture, c’étoit trop matin. Les états ne doivent pas être longs ; il n’y a qu’à demander ce que veut le Roi ; on ne dit pas un mot : voilà qui est fait. Pour le gouverneur, il y trouve, je ne sais comment, plus de quarante mille écus qui lui reviennent. Une infinité d’autres présents, des pensions, des réparations des chemins

    chesse de Rohan, et de Henri Chabot. Il épousa en 1678 Marie-Élisabeth du Bec, fille unique du marquis de Vardes. Il mourut en 1727, et sa femme en 1743. Il était frère de la princesse de Soubise, de la marquise de Coetquen et de la princesse d’Épinoy.

  1. 7. Le marquis de Lavardin était lieutenant général au gouvernement de Bretagne : voyez la note 5 de la lettre 158. Les lieutenants généraux s’absentaient souvent, quand la présence du gouverneur les obligeait de paraître à la seconde place. Voyez cependant Walckenaer, tome IV, p. 27 et suivante.
  2. 8. Voyez la note 6 de la lettre 193.
  3. 9. Chésières était bel-oncle de M. d’Harouys. Il s’appelait Louis de Coulanges. Voyez la note 1 de la lettre 175.
  4. 10. Charles de Sévigné.