Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/342

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 336 —

1671

Montbazon[1] ses enfants) pas plus grands que cela. Il vous baise les mains.

Je suis fort aise que la maladie du pauvre Grignan ait été si courte ; je l’embrasse et lui souhaite toutes sortes de biens et de bonheurs, aussi bien qu’à sa chère moitié, que j’aime plus que moi-même ; du moins je le sens mille fois davantage. Notre abbé est à vous ; la Mousse attend cette lettre que vous composez.


197. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Vitré, mercredi 26e août (dans le cabinet
de Mme de Chaulnes).

On me prie d’abord de vous faire mille amitiés pleines de tendresse et d’estime. Après un si heureux commencement, vous devriez espérer une lettre agréable ; mais je doute fort que cela puisse être, car vous saurez, ma pauvre bonne, que je ne sais rien. Si je vous entretenois de mes pensées, je vous parlerois de vous ; mais vous êtes trop près du sujet pour que cela pût vous divertir. Je vins ici dimanche au soir assez tard. M. de Chaulnes fit la plaisanterie de m’envoyer querir par ses gardes, m’écrivant que j’étois nécessaire pour le service du Roi, et que Mme de Chaulnes m’attendoit à souper. J’y vins, j’y fus reçue en perfection, j’y trouvai beaucoup de monde

  1. 13. Hercule de Rohan, qui épousa en secondes noces la célèbre Marie de Bretagne, et mourut en 1654, à quatre-vingt-six ans. — Dans les deux éditions de Perrin on ne lit que l’initiale. La phrase est ainsi construite dans l’édition de 1754 : « Après les avoir vus pas plus grands que cela, comme disoit M. de M… de ses enfants. »