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vos Provençaux : ah ! que je comprends bien mieux mes Bretons ! Si je vous disois tous ceux qui vous font des compliments, il faudroit un volume : M. et Mme de Chaulnes, M. de Lavardin, le comte des Chapelles, Tonquedec, l’abbé de Montigny, évêque de Léon, d’Harouys, Fourché, Chésières, etc., sans compter mon abbé, qui n’a jamais reçu votre dernière lettre, et notre Mousse qui attend celle que vous composez. Pour moi, ma fille, sans en faire à deux fois, je vous conjure d’embrasser tous vos aimables Grignans. J’ai vu des manches comme celles du chevalier ; ah ! qu’elles sont belles dans le potage et sur des salades ! Adieu, ma très-belle et très-infiniment chère ; je ne vous dis rien de mon amitié : c’est que je ne vous aime pas.


1671

199. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Vitré, mercredi 2e septembre.

J’ai reçu cette lettre seule ; elle est venue droit de Paris, sans passer par les mains de M. Dubois, et de plus je l’ai reçue selon votre date, cinq jours après qu’elle a été écrite ; de sorte que cette lettre est toute miraculeuse. Il n’est pas besoin de tant de merveilles pour me les rendre bien chères. J’en ai vu une d’une fille à une mère ; cette fille n’écrit pas comme vous, elle n’a pas de l’esprit comme vous ; mais elle a de la tendresse et de l’amitié comme vous : c’est Mme de Soubise à Mme de Rohan[1]. Je fus surprise hier de voir dans un endroit de sa lettre le fond de son cœur pour Mme de Rohan, et aussi quelle tendresse naturelle Mme de Rohan sent pour elle. Mais voici

  1. Lettre 199. — 1. Voyez la note 10 de la lettre 152.