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autant à M. de Molac, à M. Boucherat, au premier président, aux lieutenants de Roi, etc., deux mille écus au comte des Chapelles, autant au petit Coëtlogon : enfin des magnificences. Voilà une province !

Mme de la Fayette est à Livry, d’où elle m’écrit des gaillardises, malgré tous ses maux. M. de la Rochefoucauld m’écrit aussi. Ils me disent qu’ils me souhaitent ; mais c’est moi qui souhaite bien de vous y revoir : cette espérance me soutient la vie. Au reste, j’ai supputé, vous aurez achevé dans cinquante ans de traduire le Pétrarque, à un sonnet par mois ; cet ouvrage est digne de vous ; ce ne sera pas un impromptu. Adieu, ma chère enfant, songez quelquefois à moi avec vos Grignans. Je m’en vais aux Rochers, si contente d’être hors d’ici, que je suis honteuse d’être si aise en votre absence. Quand je relis mes lettres, je suis toujours tentée de les brûler, en voyant les bagatelles que je mande ; mais dites, ne vous fatiguent-elles point ? car je pourrois fort bien les retrancher, sans vous aimer moins pour cela.


1671

201. DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DU COMTE
DES CHAPELLES À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 9e septembre.

Enfin me voilà toute reposée, toute tranquille, toute contente d’être en repos dans ma solitude ; j’ai eu tantôt encore un petit goupillon[1]. C’est M. de Lavardin[2] qui est

  1. Lettre 201 (revue sur une ancienne copie). — 1. C’est-à-dire une petite queue, un petit reste. — Le chevalier de Perrin a remplacé ce mot par un petit reste des états.
  2. 2. Il était, comme nous l’avons dit, lieutenant général aux huit évêchés de Bretagne : voyez la note 5 de la lettre 158.