Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/379

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 373 —

1671


qu’il faut prévoir de bonne heure, et être persuadée que tout ce qui dépendra de moi vous est acquis. Voilà une de mes grandes douleurs de ne pouvoir pas faire tout ce que mon cœur voudrait ardemment ; mais ce que je puis est toujours assez pour vous ôter de grands embarras et pour vous donner des facilités. Je ne pense qu’à vous, ma bonne, et je ne souhaite et n’imagine rien que par rapport à vous : cela est vrai, et vous le croyez. Plût à Dieu que vous en pussiez voir des effets, tels que je les désire !

Voilà M. de Pompone en état d’être envié. Vous me parlez sur cela bien agréablement. Je m’en vais en écrire au bonhomme[1]. Je vous ai dit tout ce que je savois là-dessus. Il m’a écrit deux fois sur sa faveur, et moi aussi deux fois. Il n’a rien de plus sensible que mon amitié, à ce qu’il me mande, et de voir que mes approbations ont vingt ans d’avance sur toutes celles qu’on va donner à son fils, et vingt ans dont il y a eu des années difficiles à soutenir[2]. Voici un changement extraordinaire, c’est un plaisir que d’être spectateur. En voici encore un du comte de Guiche, qui revient. Je fais la charge de d’Hacqueville qui est depuis vingt jours au chevet du maréchal[3], malade, et qui sans doute vous aura mandé toutes choses, et la visite que le Roi lui fit il y a cinq ou six jours. Je crois que Vardes ne sera pas longtemps à recevoir la même grâce que le comte de Guiche : il me semble que leurs malheurs figurent ensemble[4] ; c’est à vous à nous mander ce qu’on en espère en votre pays.

Voilà une lettre que j’écris à votre évêque ; lisez-la :

  1. 4. Arnauld d’Aiidilly, père de Pompone.
  2. 5. On a vu que Pompone avait partagé jusqu’à un certain degré la disgrâce de Foucquet. Les discussions relatives au formulaire contribuèrent à mettre mal en cour Arnauld d’Andilly et sa famille.
  3. 6. Le maréchal de Gramont, père du comte de Guiche.
  4. 7. Le comte de Guiche et le marquis de Vardes avaient été exilés