Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/412

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 406 —

1671


de M. Nicole fasse en moi d’aussi beaux effets qu’en M. de Grignan : j’ai des liens de tous côtés, mais surtout j’en ai un qui est dans la moelle de mes os ; et que fera là-dessus ce beau livre[1] ? Mon Dieu, que je sais bien l’admirer ! mais que je suis loin de cette heureuse indifférence qu’il nous veut inspirer ! Adieu, ma très-chère petite, ne me plaignez-vous point de ce que je m’en vais souffrir, présentement que vous êtes dans votre neuvième ? Monsieur le Comte, j’ai bien de la peine à vous pardonner d’avoir mis encore ma fille en cet état, et je suis bien aise que vous remarquiez quand je ne fais point mention de vous dans mes lettres : voilà justement ce que je voulois. Conservez-vous, ma fille, si vous m’aimez. Je sens de la tristesse de voir tous vos visages de Paris vous quitter l’un après l’autre ; il est vrai que vous avez votre mari, qui est aussi un visage de Paris. Ma fille, il ne faut point se laisser oublier dans ce pays-là ; il faut que je vous ramène, je vous en ferai demeurer d’accord.

Le mariage de l’abbé d’Effiat n’est point fait, comme on me l’avoit mandé. Il demande du temps pour y penser, et je crois cette affaire rompue.


  1. 8. Dans l’édition de 1754 : M. Nicole, au lieu de ce beau livre ; et cinq lignes plus bas votre neuf, au lieu de votre neuvième (voyez la note 2 de la lettre 200).