1672
de celles de Boyer[1] : voilà ce qui s’appelle bien louer ; il ne faut point tenir les vérités cachées. Nous en jugerons par nos yeux et par nos oreilles.
Du bruit de Bajazet mon âme importunée[2].
fait que je veux aller à la comédie[3].
J’ai été à Livry. Hélas ! ma bonne, que je vous ai bien tenu parole, et que j’ai songé tendrement à vous ! Il y faisoit très-beau, quoique très-froid ; mais le soleil brilloit ; tous les arbres étoient parés de perles et de cristaux : cette diversité ne déplaît point. Je me promenai fort. Je fus le lendemain dîner à Pompone : quel moyen de vous redire ce qui fut dit en cinq heures ? Je ne m’y ennuyai point. M. de Pompone sera ici dans quatre jours. Ce seroit un grand chagrin pour moi si jamais j’étois obligée à lui aller parler pour vos affaires de Provence. Tout de bon, il ne m’écouteroit pas ; vous voyez que je fais un peu l’entendue. Mais, ma foi ! ma bonne, rien n’est égal à Monsieur d’Uzès : c’est ce qui s’appelle les grosses cordes. Je n’ai jamais vu un homme, ni d’un meilleur esprit, ni d’un meilleur conseil : je l’attends pour vous parler de ce qu’il aura fait à Saint-Germain.
Vous me priez de vous écrire doublement de grandes lettres ; je pense, ma bonne, que vous devez en être contente : je suis quelquefois épouvantée de leur immensité.
- ↑ 8. Claude Boyer, membre de l’Académie française (1666), né en 1618, mort en 1698. Chapelain voit en lui « un poëte de théâtre qui ne cède qu’au seul Corneille en cette profession. »
- ↑ 9.
Du bruit de ses exploits mon âme importunée.
(Racine, Alexandre, acte I, scène II.) - ↑ 10. Dans les éditions de Perrin, on lit de plus ici : « Enfin nous en jugerons. »
fils de Mme de la Baume : voyez la note 7 de la lettre 80. — Au sujet de cette parole de Tallard, Perrin s’écrie en note : « Exagération outrée. »