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1672


que nous sommes sur ce ton-là, je vous dirai, avec la permission de la sagesse de M. de Grignan, que le petit fils de F***[1] et du chevalier de Lorraine (je ne sais si je me fais bien entendre) est élevé pêle-mêle avec les enfants de Mme d’Armagnac[2], à la vue du public ; et l’on fit un grand jeu, au retour du Chevalier, d’éprouver la force du sang : il confirma tout ce qu’on dit là-dessus, et le trouva si joli[3], et s’y attacha d’une telle sorte, qu’enfin on lui dit la vérité. Il en fut ravi, et Mme d’Armagnac continue sa bonté, et le nourrit sous le nom du chevalier de Lorraine. Si vous le savez déjà, voilà qui vous ennuiera beaucoup. Adhémar est tout propre à vous conter ces bagatelles : je me sens aussi du relâchement pour les nouvelles, sachant qu’il est en lieu de vous les mander beaucoup mieux que moi.


    Temple, et héritier d’une fortune considérable. La treizième année du règne de Charles II, il fut créé comte de Castelmaine en Irlande. Elle en eut une fille, qui naquit au mois de février 1661 ; mais peu de temps après elle devint la maîtresse publique du Roi, qui continua ses liaisons avec elle jusqu’en 1672, qu’elle mit au monde une fille qu’on supposa être de M. Churchill, depuis duc de Marlborough, et que le Roi désavoua. Elle mourut d’une hydropisie, le 9 octobre 1709, âgée de soixante-neuf ans. (Notes des Mémoires de Gramont, édition Pourrat, p. 117 et 315.)

  1. 7. Cette initiale désigne Mlle de Fiennes, fille d’honneur de la Reine ; elle avait été enlevée par le chevalier de Lorraine. Voyez la lettre suivante.
  2. 8. Belle-sœur du chevalier de Lorraine : voyez la note 2 de la lettre 116. Catherine de Neufville, fille du duc Nicolas de Villeroi et de Marguerite de Créquy, avait épousé le comte d’Armagnac en 1660 ; elle mourut en décembre 1707, âgée de soixante-huit ans. Elle fut dame du palais de la Reine. Voyez son portrait dans Saint-Simon, tome VI, p. 146 et suivante.
  3. 9. C’est le texte de l’édition de 1734. Dans celle de 1754, on lit : « et trouva cet enfant si joli. » — Quatre lignes plus bas c’est, au contraire, l’édition de 1734 qui a trouvé le pronom le trop vague. Au lieu de : « si vous le savez déjà, » elle donne : « si vous savez tout cela. »