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1671


Monsieur d’Alby nous assuroit qu’il en méritoit cinq cent mille[1] ; mais il est vrai qu’il aura la protection de M. et de Mme de Piennes, qui assurément ne se brouilleront pas à la cour.

Tantôt, à table chez Monsieur du Mans[2], Courcelles[3] a dit qu’il avoit deux bosses à la tête, qui l’empêchoient de mettre une perruque : cette sottise nous a tous fait sortir de table, avant qu’on eût achevé de manger les fruits, de peur d’éclater à son nez. Un peu après, d’Olonne[4] est arrivé ; M. de la Rochefoucauld m’a dit : « Madame, ils ne peuvent pas tenir tous deux dans cette chambre ; » et en effet, Courcelles est sorti. Voilà bien des lanternes, ma chère enfant ; mais toujours vous dire que je vous aime, que je ne songe qu’à vous, que je ne suis occupée que de ce qui vous touche, que vous êtes le charme de ma vie, que jamais personne n’a été aimée si chèrement que vous, cette répétition vous ennuieroit. J’embrasse mon cher Grignan et mon Coadjuteur[5].


  1. 16. Voyez la Notice, p. 102, et p. 103, note 1. — L’évêque d’Alby, de 1635 à 1676, fut Gaspard de Daillon, commandeur des ordres, oncle du comte du Lude le grand maître.
  2. 17. Philibert-Emmanuel de Beaumanoir de Lavardin, beau-frère de Mme de Lavardin, évêque du Mans (1649), mort le 27 juillet 1671. C’était le vendredi que Mme de Sévigné dînait chez lui. Voyez les lettres du 11 mars et du 2 août suivants, et la Notice, p. 158.
  3. 18. Charles de Champlais, marquis de Courcelles, marié en 1666 à Marie-Sidonia de Lenoncourt de Marolles, dont le désordre était notoire. Voyez la lettre du 26 février 1672.
  4. 19. Louis de la Trémouille, comte d’Olonne, mort à soixante ans, en 1686. Sa femme, qu’il avait épousée en 1652, était Catherine-Henriette d’Angennes de la Loupe (de la même maison que le marquis de Rambouillet), sœur de la maréchale de la Ferté. Les deux sœurs moururent en 1714.
  5. 20. Ce dernier alinéa ne se trouve point dans notre manuscrit, ni dans aucune des éditions antérieures au chevalier de Perrin.