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qui se passe ici est ce qui fait tous les romans, toutes les comédies, toutes les tragédies,

In rozzi petti
Tutte le fiamme, le furie d’amor[1].

Il me semble que je vois un de ces petits Amours, qui sont si bien dépeints dans le prologue de l’Aminte[2], qui se cachent et qui demeurent dans les forêts. Je crois, pour son honneur, que celui-là visoit à Marie ; mais le plus juste s’abuse : il a tiré sur la jardinière, et le mal est incurable. Si vous étiez ici, cet original grossier vous divertiroit extrêmement. Pour moi, j’en suis occupée, et j’emmène Marie, pour l’empêcher de couper l’herbe sous le pied de sa mère. Ces pauvres mères !

Je ne laisse pas de me promener avec plaisir ; les chèvrefeuilles ne m’entêtent point. M. de Coulanges a une belle passion pour le marquis de Villeroi. Il arriva hier au soir. Sa femme, comme vous dites, a donné tout au travers des louanges et des approbations[3]. Cela est naturel ; il faut avoir trop d’application pour ne le pas faire :

  1. 13. Dans des cœurs grossiers toutes les flammes et les fureurs de l’amour. — Dans l’édition de 1734 il y a grossi, mais dans celle de 1754 rozzi, qui accompagne plusieurs fois petti, dans le Prologue de l’Aminte : voyez la note suivante.
  2. 14. Dans le prologue de l’Aminte (vers 20-23), l’Amour dit en parlant de sa mère :

    E solo al volgo de’ministri miei,
    Miei minori fratelli, ella (Venere) consente
    L’albergar tra le selve, ed oprar l’armi
    Ne’rozzi petti.

    Vers la fin du même prologue on lit encore :


    Spirerò nobil sensi a rozzi petti.

  3. 15. « Des approbations de ce marquis. » (Édition de 1734.)