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et le pria de la lui rendre, qu’il donneroit autre chose à M. de Laurière. M. de Montausier écrivit que pour lui il seroit ravi de le pouvoir faire ; mais que son beau-frère en ayant reçu les compliments dans la province, il étoit impossible, et qu’il[1] pouvoit faire d’autres biens au petit Matha. Le Roi fut piqué, et se mordant les lèvres : « Eh bien ! dit-il, je la lui laisse pour trois ans ; mais je la donne ensuite pour toujours au petit Matha. » Ce contretemps a été fâcheux pour M. de Montausier. C’étoit à M. de Grignan que je devois mander ceci[2] ; il n’importe : ces deux lettres[3] sont à tous deux, et n’en valent pas une bonne.

Vous n’aurez point de Provençal pour premier président, on m’en a fort assurée. Monsieur de Marseille me vint voir hier avec le marquis de Vence et deux députés ; je crus que c’étoit une harangue.

J’ai vu aussi M. de Tourette, et j’ai dit adieu à M. de Laurens, qui vous va bien aimer à ce qu’il dit.

Adieu, ma très-chère bonne : je vous prie, soyez aise de me voir en quelque temps que ce soit. Songez à bannir les chiennes de punaises de ma chambre ; la pensée m’en fait mourir : j’en suis accablée ici ; je ne sais où me mettre ; ce doit être bien pis en Provence[4]. Ma bonne, voilà une petite sotte bête de lettre, je ferois bien de dormir.


  1. 5. Perrin a remplacé le pronom par Sa Majesté.
  2. 6. Angélique-Clarice d’Angennes, première femme du comte de Grignan, était sœur de la duchesse de Montausier.
  3. 7. Celle-ci, et la réponse à la lettre du comte de Grignan dont elle parle plus haut.
  4. 8. Dans les éditions de Perrin il n’est pas question des punaises. Le chevalier, dans l’édition de 1754, y a substitué l’amabilité que voici : « Je vous prie d’être bien aise de me voir en quelque temps que ce soit, et de songer au plaisir que j’en recevrai. »