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dit Monsieur le chamarier. Si vous m’y laissez, j’y demeurerai. Je ne vous parlerai point du tout de ma joie. Notre cher abbé se porte bien : c’est à lui que vous devez adresser tous vos compliments ; la Mousse est encore en vie. Nous vous souhaitons, et le cœur me bat quand j’y pense. Mon équipage est venu jusqu’ici sans aucun malheur, ni sans aucune incommodité : hier au soir[1], en menant abreuver mes chevaux, il s’en noya un, de sorte que je n’en ai plus que cinq ; je vous ferai honte, mais ce n’est pas ma faute. On me fait compliment sur cette perte ; je la soutiens en grande âme. Je n’aurai point mon carrosse à ce Robinet ; nous sommes cinq., comptez là-dessus : notre abbé, la Mousse, deux femmes de chambre, et moi. J’ai fait la paix avec M. de Rochebonne ; j’ai reçu Mme de Sennetere[2] ; j’ai été à Pierre-Encise[3] voir F*** prisonnier ; je vais aujourd’hui voir le cabinet de monsieur… et ses antiquailles[4]. Mme de Coulanges me veut persuader de passer ici cet été, qu’il est ridicule d’aller plus loin, et que je vous envoie seulement un compliment : je voudrois que

    Coulanges, dans le manuscrit autographe de ses chansons.) — Robinet est à une lieue de Montélimar, et à cinq grandes lieues de Grignan. Une note de Perrin dit à deux lieues.

  1. 8. Les mots ni sans aucune incommodité et hier au soir manquent dans l’édition de la Haye, la seule de 1726 qui donne cette lettre.
  2. 9. Voyez la note 6 de la lettre 169.
  3. 10. Voyez la note 2 de la lettre 230.
  4. 11. « Il est difficile de deviner le nom de ce prisonnier, » dit Walckenaer, tome IV, p. 198. « Il n’en est pas de même d’un monsieur [M…]. Nul doute qu’il ne soit ici question de M. Mey, riche amateur des beaux-arts, Italien d’origine, dont les étrangers qui passaient à Lyon allaient visiter la maison, située à la montée des Capucins, célèbre par sa belle vue, la magnifique collection de tableaux et les beaux objets d’antiquité qu’elle renfermait. On y admirait surtout alors ce beau disque antique en argent connu sous le nom de bouclier de Scipion, qui fut acheté par Louis XIV après la mort de M. Mey, et qui est aujourd’hui un des ornements du cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale, » (Même tome, p. 199.)