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J’ai passé le temps d’apprendre l’italien ; j’en laisse la curiosité à mes filles, je me dresse en les dressant. Je serai bien aise qu’elles aient l’esprit agréable, mais ce que je veux qu’elles aient préférablement, c’est de la raison, car c’est de quoi l’on a le plus affaire dans la vie.

J’oubliois de vous dire que M. et Mme de Toulongeon étant ici il y a six semaines, leur postillon mit le feu dans mes écuries, ce qui m’en brûla deux[1]. Si la fortune ne m’avoit dressé aux malheurs, je romprois la tête à tout le monde sur cela de mes lamentations ; mais je n’ai non plus songé à cette perte que si c’étoient les écuries d’un autre.

Vous voulez bien que j’assure ici Monsieur et Madame de Grignan de mes très-humbles services. Je viens de vous dire que je passois assez bien mon temps pour un exilé ; mais je le passerois encore bien mieux si j’étois leur voisin ; et j’aurois plus d’indifférence pour mon rappel à la cour que je n’en ai.


1672

306. — DE MADAME DE COULANGES À MESDAMES DE SÉVIGNÉ ET DE GRIGNAN ET À CORBINELLI.

Lyon, le 30e octobre.

Je suis très en peine de vous, ma belle ; aurez-vous toujours la fantaisie de faire le bon corps[2] ? Falloit-il vous mettre sur ce pied-là après avoir été saignée ? Je meurs d’impatience d’avoir de vos nouvelles, et il se passera des

  1. 4. Mme de Coligny a effacé ces mots, depuis « M. et Mme de Toulongeon, » et y a substitué ceux-ci : « Mes écuries furent brûlées il y a un mois, »
  2. Lettre 306. — 1. Comparez pour cette expression la lettre du 26 décembre suivant, p. 176.