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1673

mante : tout cela me fait résoudre à y faire de fréquents voyages.

Nos pauvres amis sont repartis, c’est-à-dire M. de la Trousse, sur la nouvelle qu’a eue le Roi d’une révolte en Franche-Comté. Comme il n’aimeroit point que les Espagnols envoyassent des troupes qui passeroient sur ses terres, il a nommé Vaubrun[1] et la Trousse pour aller commander en ce pays-là. La Trousse a beaucoup de peine à se réjouir de cette distinction : cependant c’en est une, qui pourroit ne pas déplaire à un homme moins fatigué de voyages ; celui-ci joindra la campagne ; cela est fort triste pour ses amis. Le guidon[2] nous demeure ; mais ce n’étoit point trop de tout. Je menai ce guidon avant-hier à Saint-Germain ; nous dînâmes chez Mme de Richelieu ; il est aimé de tout le monde presque autant que de moi. Mithridate est une pièce charmante ; on y pleure ; on y est dans une continuelle admiration ; on la voit trente fois, on la trouve plus belle la trentième que la première. Pulchérie[3] n’a point réussi. Notre ami Brancas a la fièvre et une fluxion sur la poitrine ; je l’irai voir demain. Je n’ai point vu votre cardinal[4] ; j’en ai toujours eu envie, mais il s’est toujours trouvé quelque chose qui m’en a empêchée. La belle Ludres[5] est la meil-

  1. 3. Nicolas de Bautru, marquis de Vaubrun, frère puîné du comte de Nogent. C’est lui qui, comme le plus ancien lieutenant général, commanda, avec de Lorges, l’armée de Turenne au combat d’Altenheim. et y fut tué le 2 août 1675.
  2. 4. Charles de Sévigné.
  3. 5. La tragédie de Racine fut représentée pour la première fois au mois de janvier 1673 ; celle de Corneille l’avait été en novembre 1672. « Les deux pièces parurent imprimées presque en même temps. » (Walckenaer, tome IV, p. 291.) L’achevé d’imprimer de Mithridate est du 16 mars. Sur Pulchérie, voyez tome II, p. 470, note 8.
  4. 6. Le cardinal de Retz.
  5. 7. Voyez tome II, p. 135, note 5, et p. 106, note 10. Nous avions