vient me consoler. Ma fille, plaignez-moi de vous avoir quittée.
1673
331. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
C’est mon unique plaisir que de vous écrire : la paresse du Coadjuteur est bien étonnée de cette sorte de divertissement. Vous êtes à Salon, ma pauvre petite ; vous avez passé la Durance[1] ; et moi je suis arrivée ici. Je regarde tous les chemins comme devant avoir l’honneur de vous voir passer cet hiver, et je fais des remarques sur les méchants endroits. Il y en a où je descends mal à propos ; il y en a aussi que vous devez craindre. Le plus sûr en hiver, c’est une litière ; il y a des pas où il faut descendre de carrosse, ou s’exposer à périr. Monsieur de Valence[2] m’a envoyé son carrosse avec Montreuil[3] et le Clair, pour me laisser plus de liberté. J’ai été droit chez lui[4]. Il
- ↑ Lettre 331 (revue sur une ancienne copie). — 1. Sur la route de Montélimar à Aix, au-dessus d’Avignon ; Salon est à droite de la route un peu au delà du canal de Craponne.
- ↑ 2. Daniel de Cosnac, évêque de Valence de 1655 à 1687, puis archevêque d’Aix jusqu’à sa mort en janvier 1708. L’abbé de Choisy, dans le huitième livre de ses Mémoires (tome LXIII, p. 369 et suivantes), a donné des détails fort étendus sur ce prélat, dont les Mémoires ont été publiés par la Société de l’Histoire de France, en 1852.
- ↑ 3. Le poëte, celui que Mme de Sévigné trouvait jadis « douze fois plus étourdi qu’un hanneton » (tome I, p. 409). Il était secrétaire de l’évêque de Valence. Voyez tome I, p. 355, note 1.
- ↑ 4. Dans l’édition de 1754, la première où cette lettre ait été imprimée : « chez le prélat. »
un des frères du duc de Navailles. Il fut gouverneur de Saint-Omer (1677), lieutenant général des armées, et mourut le 31 mars 1685, sans postérité. — Il y avait aussi un poëte latin d’Avignon, nommé de Saint-Geniez, qui mourut en 1663. Il avait un jeune frère.