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maison est d’une grandeur et d’une beauté surprenante[1] ; M. de Guitaut se divertit fort à la faire ajuster, et y dépense bien de l’argent. Il se trouve heureux de n’avoir point d’autre dépense à faire. Je plains ceux qui ne peuvent pas se donner ce plaisir. Nous avons causé à l’infini, le maître du logis et moi, c’est-à-dire j’ai eu le mérite de savoir bien écouter. On passeroit bien des jours dans cette maison sans s’ennuyer : vous y avez été extrêmement célébrée. Je ne crois pas que j’en pusse sortir, si on y recevoit de vos nouvelles ; mais, ma chère fille, sans vous faire valoir ce que vous occupez dans mon cœur et dans mon souvenir, cet état d’ignorance m’est insupportable. Je me creuse la tête à deviner ce que vous m’avez écrit, et ce qui vous est arrivé depuis trois semaines, et cette application inutile trouble fort mon repos. Je trouverai cinq ou six de vos lettres à Paris ; je ne comprends pas pourquoi M. de Coulanges ne me les a point envoyées : je l’en avois prié.

Enfin je pars demain pour prendre le chemin de Paris ; car vous vous souvenez bien que de Bourbilly on passe devant cette porte[2]M. de Guitaut nous vint faire un

  1. 4. « Ce château subsiste toujours en entier et dans toute sa splendeur, avec ses belles fortifications, ses vieux tilleuls, ses beaux ombrages, ses archives, ses portraits, ses nobles souvenirs ; il a été la propriété des comtes de Montbard et des princes de Montagu, première race des ducs de Bourgogne. Un descendant direct du comte de Guitaut le possède, bonheur rare dans les temps où nous vivons. — C’est à la plume du comte Athanase de Guitaut qu’est due la notice qui accompagne la planche gravée de la vue d’Époisse qui se trouve dans le Voyage pittoresque en Bourgogne, publié à Dijon en 1683 (tome I, feuille 9, p. 33). » (Walckenaer, tome V, p. 398.)
  2. 5. Il y avait sans doute alors comme à présent un chemin qui partant de Semur, et se détournant à gauche devant le château d’Époisse pour en longer ensuite un des côtés, aboutissait, vers Avallon, à la grand’route de Lyon à Auxerre et Paris. Époisse se trouve à trois lieues de Semur, et à cinq d’Avallon ; Bourbilly à égale distance