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Mme de Coulanges a été à Saint-Germain. Elle m’a dit mille bagatelles qui ne s’écrivent point, et qui me font bien entrer dans votre sentiment sur ce que vous me disiez l’autre jour de l’horreur de voir une infidélité : cet endroit me parut très-plaisant et de fort bon sens ; vous voyez que l’on n’est pas partout de notre sentiment.

Ma fille, quand vous voulez rompre du fer, trouvant les porcelaines indignes de votre colère, il me semble que vous êtes bien fâchée. Quand je songe qu’il n’y a personne pour en rire et pour se moquer de vous, je vous plains ; car cette humeur rentrée me paroît plus dangereuse que la petite vérole. Mais à propos, comment vous en accommodez-vous ? Votre pauvre enfant s’en sauvera-t-il ? Il l’a eue si tôt qu’il devroit bien en être quitte[1].

Notre cardinal m’a dit ce soir mille tendresses pour vous : il s’en va à Saint-Denis[2] faire la cérémonie de Pâques. Il reviendra encore un moment, et puis adieu.

Mme de la Fayette s’en va demain à une petite maison auprès de Meudon[3], où elle a déjà été. Elle y passera quinze jours, pour être comme suspendue entre le ciel et la terre : elle ne veut pas penser, ni parler, ni répondre, ni écouter ; elle est fatiguée de dire bonjour et bonsoir ; elle a tous les jours la fièvre, et le repos la guérit ; il lui faut donc du repos : je l’irai voir quelquefois.

M. de la Rochefoucauld est dans cette chaise que vous

    processions la nuit du jeudi au vendredi saint, qui depuis ont été abrogées à cause des indécences qui s’y commettoient. (Note de Perrin, 1754.)

  1. 2. Le jeune marquis de Grignan mourut de la petite vérole en 1704. Voyez la Notice, p. 305.
  2. 3. Le cardinal de Retz étoit abbé de Saint-Denis. (Note de Perrin, 1754.)
  3. 4. À Fleury, au-dessous de Meudon. Voyez la lettre du 22 avril suivant.