1673
C’est un homme qui mettra le bon sens et la raison partout ; c’est un homme enfin. Je m’ennuie de voir que vous ne recevez encore que mes lettres des chemins : eh, bon Dieu ! ne parlerez-vous jamais notre langue ? et qu’il y a loin, mon enfant, du coin de mon feu au coin du vôtre ! et que j’étois heureuse quand j’y étois ! J’ai bien senti cette joie, je ne me reproche rien ; j’ai bien tâché à retenir tous les moments, et ne les ai laissés passer qu’à l’extrémité.
La Reine a prié Quantova[1] qu’on lui fit revenir auprès d’elle une Espagnole[2] qui n’étoit pas partie. La chose a été faite : la Reine est ravie, et dit qu’elle n’oubliera jamais cette obligation. J’ai été étonnée que Mme de Monaco ne m’ait pas envoyé un compliment à cause de vous. On n’est pas persuadé que Mme de Louvigny[3] soit si oc-
- ↑ 7. Quantova, ailleurs Quanto, désigne Mme de Montespan (l’édition de 1734 porte : « Madame de M*** »). — Il n’est guère facile de deviner l’origine et le sens de ce chiffre. Serait-ce un terme de jeu : Quanto va, « de combien allez-vous ? de combien la vade ? » Mme de Montespan était grande joueuse. — Ou bien le mot signifie-t-il : « Combien de temps ira, durera cet amour, cette nouvelle maîtresse ? » L’édition de 1734, dans une autre lettre (tome II, p. 293), donne quanto va en deux mots.
- ↑ 8. La Reine la croyait fille de son père. Elle se nommait doña Felippe-Maria-Teresa Abarca, selon M. Walckenaer (tome V, p. 406 ; sur le renvoi des femmes espagnoles voyez même tome, p. 88 et 89). « La Reine avoit amené avec elle une petite fille qui n’avoit que quinze ou seize ans, qu’elle appeloit Philippa. Elle demeuroit avec la Molina (qui fut renvoyée) ; elle n’étoit pas belle, mais elle avoit beaucoup d’esprit et de vivacité, comme ont toutes celles de sa nation ; sa faveur crût comme elle. La Reine la maria à son porte-manteau, nommé de Visé… Depuis le départ de la Molina elle fit faire l’oille chez elle, et le chocolat. » (Mémoires de Mademoiselle, tome IV, p. 414.)
- ↑ 9. Voyez tome II, p. 215, note 12 ; p. 388, note 8. Voyez aussi les lettres du 18 décembre 1673, du 5 janvier 1674, et la fin de la lettre du 17 juillet 1676.