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nulle occasion de dire ce que je pense et ce que je sais de votre conduite, je garde tout précieusement dans mon souvenir, et je suis persuadée que rien n’est si bon que de laisser tout mourir et s’éteindre quand on voit que tout meurt et s’éteint.

J’ai des obligations infinies à notre cher d’Hacqueville. Il me donne tout le temps qu’il peut : c’est cette marchandise qui est chère chez lui, car il n’en a pas à demi[1]. Cependant il faut lui faire cet honneur, c’est qu’il en trouve dès qu’on a besoin de lui. Aimons-le donc toujours ; et vous, Monsieur et Madame, ne feignez[2] point de me mettre au nombre de ceux que vous aimez et qui vous aiment : toute ma vie vous persuadera que je mérite d’y être.

Suscription : Pour Monsieur le comte de Guitaut.


1673

350. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 24e novembre[3].

Je vous assure, ma très-chère bonne, que je suis très-inquiète de votre siége d’Orange : je ne puis avoir aucun repos que M. de Grignan ne soit hors de cette ridicule

  1. 14. C’est-à-dire il n’en a pas à demi pour ses amis, il leur consacre tout son temps et ne suffit pas à tout ce qu’il a à faire pour chacun d’eux.
  2. 15. À feignez, qui est très-lisible dans l’autographe, tous les éditeurs ont substitué craignez.
  3. Lettre 350. — 1. Dans les éditions de 1726 la lettre est datée du lundi 16. C’est évidemment une erreur : le contenu de la lettre montre qu’elle est de novembre, et le 16 novembre 1673 était un jeudi.