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Vous recevrez encore deux ou trois de mes lettres sur mes inquiétudes du syndicat : cela fait rire ; mais aussi vous me parlez du comte de Guiche ; ainsi on est quitte. L’éloignement cause nécessairement ces propos rompus.

Mais parlons d’affaires. M. du Janet est allé ce soir à Saint-Germain, afin d’être demain à l’arrivée de M. de Pompone. J’ai écrit à ce ministre une assez grande lettre, où je le prie de remarquer de quelle manière vous êtes avec la noblesse, le parlement et les communautés, et de vous rendre sur cela les bons offices que lui seul peut vous rendre dans la place où il est. J’ai parlé à de bonnes têtes du silence de la Mer[1] ; on croit qu’il ne vient que de dissipation : on ne comprend pas qu’il pût n’être pas content de la prise d’Orange, puisque le Nord a paru l’être. Il faut que vous vous ôtiez de l’esprit que le frère[2] de la Mer soit assez son ami pour avoir les mêmes sentiments ; chacun parle son langage et suit ses humeurs : ainsi vous ne tirerez aucune conséquence de ce qu’a dit le frère. Le gentilhomme dont vous me parlez est mal instruit : la Mer est mieux que jamais[3], et rien n’est changé dans ce qu’il y a de principal en ce pays. Mme de Coulanges et deux ou trois amies sont allées voir le Dégel dans sa grande maison ; on ne voit rien de plus[4] : je compte y aller un de ces jours, et je vous en manderai des nouvelles. Tout ce que vous m’écrivez sur

  1. 13. La Mer désigne Louvois ; le Nord, Colbert ; le Dégel, Mme Scarron. — On peut croire que Perrin, qui donne cette interprétation des chiffres contenus dans cette lettre, la tenait de Mme de Simiane : c’était probablement une tradition de famille.
  2. 14. L’archevêque de Reims. Voyez la lettre du 8 décembre précédent, p. 305.
  3. 15. Sur les bruits très-répandus alors de la disgrâce de Louvois, voyez l’Histoire de M. Rousset, tome I, p. 514.
  4. 16. C’est-à-dire, on n’y voyoit point les enfants du Roi, dont Mme Scarron étoit depuis peu gouvernante. (Note de Perrin.)