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1673

365. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 29e décembre.
de madame de sévigné.

Monsieur de Luxembourg est un peu oppressé près de Maestricht par l’armée de M. de Monterey[1] et du prince d’Orange. Il ne peut hasarder de décamper ; et il périroit là si on ne lui envoyoit du secours. Monsieur le Prince part dans quatre jours avec Monsieur le Duc et M. de Turenne ; ce dernier obéissant aux deux princes, et tous trois dans une parfaite intelligence. Ils ont vingt mille hommes de pied, et dix mille chevaux ; les volontaires, et ceux dont les compagnies ne marchent point, n’y vont pas, mais tout le reste part. La Trousse et mon fils, qui arrivèrent hier, sont de ce nombre : ils ne sont pas encore débottés, et les revoilà dans la boue. Le rendez-vous est pour le seizième de janvier à Charleroi. D’Hacqueville vous mande tout ceci ; mais vous verrez plus clair dans ma lettre[2]. Cette nouvelle est grande et

  1. Lettre 365. — 1. Gouverneur des Pays-Bas espagnols. (Note de Perrin.) — Voyez la Correspondance de Bussy, tome II, p. 330, 332, et la lettre du 8 janvier suivant, p. 357. — Le comte de Monterey, gouverneur de Flandre de 1669 à 1675, « étoit second fils de don Louis de Haro y Gusman, qui succéda à… la place… du comte-duc d’Olivarès, son oncle maternel… et signa la paix des Pyrénées. » Son mariage avec l’héritière de Monterey le fit marquis et grand d’Espagne. « Il fut gentilhomme de la chambre, puis successivement vice-roi de Catalogne, gouverneur général des Pays-Bas, du conseil de guerre, conseiller d’État (ce que nous appelons ministre en France), président du conseil de Flandre, enfin disgracié et chassé sous le ministère du duc de Medina Celi, et n’eut point d’enfants. » (Saint-Simon, tome X, p. 175.) Il se fit prêtre en 1712.
  2. 2. L’écriture de M. d’Hacqueville étoit fort difficile à déchiffrer. (Note de Perrin.)