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détail. Je trouve que vous avez bien calmé votre esprit la veille de Noël. Pour M. de Grignan, je suis assurée qu’il a fait des merveilles à ses Chartreux ; mais pour moi, je reçus l’absolution par M. du Janet[1]. Sans la bonne nouvelle qu’il m’a donnée, je n’eusse pas été en état de faire mes dévotions ; mais je n’ai pas joui longtemps de cette tranquillité, et l’opposition de l’Évêque m’a démontée. Voilà donc le fonds de paix et de bonne volonté qu’il y a dans ce bon évêque.

Je n’ai point encore demandé votre congé, comme vous le craignez ; mais je voudrois que vous eussiez entendu la Garde, après dîner, sur la nécessité de votre voyage ici, pour ne pas perdre vos cinq mille francs, et sur ce qu’il faut que M. de Grignan dise au Roi. Si c’étoit un procès qu’il fallût solliciter contre quelqu’un qui voulût vous faire cette injustice, vous viendriez assurément le solliciter, mais, comme c’est pour venir en un lieu où vous avez encore mille autres affaires, vous êtes paresseux tous deux. Ah, la belle chose que la paresse ! En voilà trop, lisez la Garde, chapitre premier. Cependant vous aurez du plaisir de voir et de recevoir l’approbation du Roi. Au reste, je saurai ce qu’on peut faire pour votre ami qui a si généreusement assassiné un homme[2].

À propos, on a révoqué tous les édits qui nous étrangloient dans notre province[3]. Le jour que M. de Chaulnes

    de 1734 ; mais il est conforme, comme le prouve la citation même de Charles de Sévigné, aux traditions de la Comédie française.

  1. Lettre 366. — 1. Voyez la lettre du 4 décembre précédent, p. 300.
  2. 2. Voyez la lettre suivante et celle du 22 janvier.
  3. 3. En Bretagne. Voyez la Notice, p. 186. — On lit dans le procès-verbal de la séance des états du 27 décembre 1673, que le duc de Chaulnes prit la parole pour annoncer que « Sa Majesté étoit très-