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1674

Les dames du palais sont réglées à servir par semaine : cette sujétion d’être quatre pendant le dîner et le souper est une merveille pour les femmes grosses ; il y aura toujours des sages-femmes derrière elles et à tous les voyages. La maréchale d’Humières[1] s’ennuiera bien d’être toujours debout près de celles qui sont assises : si elle boude, elle fera mal sa cour, car le Roi veut de la sujétion. Je crois qu’on s’en fait un jeu chez Quantova[2]. Il est vrai qu’en ce lieu-là on a une grande attention à ne séparer aucune femme de son mari, ni de ses devoirs ; on n’aime pas le bruit, si on ne le fait. On ne voit point encore les nouveaux princes[3] ; on ne sait comme ils sont faits. Il y en a eu à Saint-Germain, mais ils n’ont pas paru. Il y aura des comédies à la cour, et un bal toutes les semaines. On manque de danseuses. Le Roi dansera, et Monsieur mènera Mademoiselle de Blois[4], pour ne pas mener Mademoiselle[5], sa fille, qu’il laisse à Monsieur le Dauphin. On joue jeudi l’opéra[6], qui est un

  1. 15. Louise-Antoinette-Thérèse de la Châtre, maréchale d’Humières, ne fut duchesse qu’en 1690. (Note de Perrin, 1754.)
  2. 16. Dans le manuscrit : « Chez Mme de Montespan. » — Nous n’avons pas besoin de dire qu’à la ligne suivante les mots « en ce lieu-là, » ne se rapportent pas à cette dernière petite phrase, mais à ce qui précède, et qu’ils signifient « à la cour, chez le Roi et chez la Reine. »
  3. 17. Voyez la lettre du 1er janvier précédent, vers la fin.
  4. 18. Marie-Anne de Bourbon, née en octobre 1666, fille de Mme de la Vallière, mariée depuis, en 1680, à Louis-Armand de Bourbon, prince de Conti, morte en 1739.
  5. 19. La petite Mademoiselle, Marie-Louise, fille de Monsieur et d’Henriette d’Angleterre, née le 27 mars 1662, femme de Charles II d’Espagne en 1679. Voyez la fin de la lettre suivante.
  6. 20. Alceste, opéra de Quinault et de Lulli, qui avait été représente pour la première fois le 2 janvier sur le théâtre du Palais-Royal. Voyez la note 11 de la lettre du 20 novembre précédent. — Perrin dit en note qu’il s’agit de Cadmus ; mais cette tragédie de Quinault, mise également en musique par Lulli, et dont le titre complet est