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1674

*376. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, lundi 29e janvier.

Il me semble, ma fille, que vous deviez compter sur votre congé plus fortement que vous n’avez fait. Le billet que je vous ai envoyé de M. de Pompone vous en assuroit assez : un homme comme lui ne se seroit pas engagé à le demander, sans être sûr de l’obtenir ; vous l’aurez eu le lendemain que vous m’avez écrit, et il eût fallu que vous eussiez été toute prête à partir ; vous me parlez de plusieurs jours, cela me déplaît. Vous aurez reçu bien des lettres par l’ordinaire du congé, et vous aurez bien puisé à la source du bon sens (c’est-à-dire, Monsieur l’Archevêque) pour votre conduite pour toutes vos affaires[1].

Je crois que M. de Grignan est allé à Marseille et à Toulon : il y a un an, comme à cette heure, que nous y étions ensemble. Vous songez donc à moi en revoyant Salon et les endroits où vous m’avez vue. C’est un de mes maux que le souvenir que donnent les lieux ; j’en suis frappée au delà de la raison : je vous cache, et au monde, et à moi-même, la moitié de la tendresse et de la naturelle inclination que j’ai pour vous.

On va fort à l’opéra nouveau ; on trouve pourtant que

  1. Lettre 376 (revue en partie sur une ancienne copie). — 1. C’est le texte de 1734. Dans l’édition de 1754, on lit : « pour être conduite sur toutes vos affaires. » — Les deux éditions de Perrin donnent de plus, à la suite de cette phrase : « Vous aurez vu ce que la Garde vous conseille sur le nombre de vos gens (dans 1754 : « pour amener peu de gens » ) ; si vous amenez tout ce qui voudra venir, votre voyage de Paris sera comme celui de Madagascar. Il faut se rendre légère (dans 1754 : « léger » ), et garder le décorum pour la province. » Voyez la lettre précédente, p. 392, et la note 15.