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1674

377. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 2e février.

Vous me parlez de l’ordinaire du 15e, et pas un mot du 12e, que vous attendiez avec impatience, et qui vous portoit votre congé. Cela n’importe, ma fille ; puisque vous n’en dites rien, c’est signe que vous l’avez reçu. Je trouve que vous ne vous pressez pas assez de partir : tout le monde m’accable de me demander si vous êtes partie, et quand vous arriverez ; je ne puis rien dire de juste. Il me semble que vous devez être à Grignan, et que vous en partez demain ou lundi. Enfin, ma chère enfant, je ne pense qu’à vous, et vous suis partout. Je vous remercie de l’assurance que vous me donnez de ne vous point exposer en carrosse sur les bords du Rhône. Vous voulez prendre la Loire ; vous saurez mieux que nous à Lyon ce qui vous sera le meilleur. Arrivez en bonne santé, c’est tout ce que je desire ; mon cœur est fortement touché de la joie de vous embrasser. Ira audevant de vous qui voudra ; pour moi, je vous attendrai dans votre chambre, ravie de vous y voir ; vous y trouverez du feu, des bougies, de bons fauteuils, et un cœur qui ne sauroit être surpassé en tendresse pour vous. J’embrasserai le Comte et le Coadjuteur ; je les souhaite tous deux. L’archevêque de Reims m’est venu voir ; il demande le Coadjuteur à cor et à cri. Vraiment vous êtes obligée à M. de Pompone de la charmante idée qu’il a conservée de vous, et de l’envie qu’il a de vous voir. Voilà votre petit frère qui arrive. Le cardinal de Retz me fait dire qu’il est arrivé. Arrivez donc tous à la bonne heure. Ma chère enfant, je suis toute à vous ; ce n’est point pour finir une lettre, c’est pour dire la plus grande vérité du