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1672

Je viens de faire un tour de ville : j’ai été chez M. de la Rochefoucauld. Il est comblé de douleur d’avoir dit adieu à tous ses enfants : au travers de tout cela, il m’a priée de vous dire mille tendresses de sa part ; nous avons fort causé. Tout le monde pleure son fils, son frère, son mari, son amant : il faudroit être bien misérable pour ne se pas trouver intéressé au départ de la France tout entière. Dangeau et le comte de Sault[1] me sont venus dire adieu :


    chancelier… et le peu de temps qu’il pouvoit ménager, il le donnoit à Dieu. » (Saint-Simon, tome X, p. 71-74.)

  1. 12. François-Emmanuel, comte de Sault, arrière-petit-fils du connétable de Lesdiguières, dont il prit plus tard le nom, et petit-fils du maréchal Charles de Créquy (maréchal en 1622, tué devant Casal en 1638). — Ce premier maréchal, qui épousa successivement deux filles du connétable de Lesdiguières, était de son nom Blanchefort, et Créquy du nom de son aïeule ; mais en outre, il avait tenu de sa mère (remariée à Louis d’Agoult comte de Sault, et héritière du fils qu’elle eut de ce second lit) le titre de comte de Sault, titre qu’il fit porter à son fils aîné François, avant que ce dernier héritât de celui de duc de Lesdiguières (tout à la fois comme petit-fils et comme gendre du connétable : voyez la note 2 de la lettre 271). — Le fils aîné de François et de sa seconde femme, marquise de Ragni, François-Emmanuel, dont parle ici Mme de Sévigné, fut d’abord aussi, et même fort longtemps, connu sous le nom de comte, puis duc de Sault ; il ne devint sans doute qu’à la mort de son père, et que bien peu avant la sienne, duc de Lesdiguières ; c’est par avance et pour la rime que Boileau l’appelle ainsi dans sa quatrième Épître (au Roi, sur le passage du Rhin) :

    Mais déjà devant eux une chaleur guerrière
    Emporte loin du bord le bouillant Lesdiguière.

    Il était frère du marquis de Ragni (tome II, p. 141), et cousin germain du duc de Créquy, du comte de Canaples et du second maréchal de Créquy, issus du frère cadet de son père. Il épousa, le 12 mars 1675, Paule-Marguerite-Françoise de Gondi, duchesse de Retz, nièce du cardinal, qu’il laissa veuve dès 1681, et qui mourut, après leur fils unique, à soixante et un ans, le 21 janvier 1716. Il sera souvent question de sa femme ; voyez en attendant, sur elle et sur sa liaison avec Harlai de Champvallon, les Mémoires de Saint-Simon, tomes I, p. 290, et XIII, p. 330 et suivante.