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vez que j’ai d’autres vues, et je vous assure que malgré tous les obstacles je retournerai à la cour. Ce n’est pas qu’au pis aller je m’en souciasse beaucoup, car c’est plus pour faire enrager les gens qui me craignent que je fais des pas de ce côté-là, que pour les avantages que j’en attends. J’irai droit au maître par le paladin, et par d’autres, car j’ai plusieurs chemins, et quand tout cela[1] me manqueroit, le temps, si je vis, ne me manquera pas.

Nous attendons M. de Coligny à tous moments pour transiger.

J’ai écrit à Mme de Montglas sur la mort de son mari.

Je vous plains fort, ma chère cousine, dans la séparation de notre Comtesse.


1675

401. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, lundi 27e mai.

Quel jour, ma fille, que celui qui ouvre l’absence ! Comment vous a-t-il paru ? Pour moi, je l’ai senti avec toute l’amertume et toute la douleur que j’avois imaginées, et que j’avois appréhendées depuis si longtemps. Quel moment que celui où nous nous séparâmes ! quel adieu ! et quelle tristesse d’aller chacune de son côté, quand on se trouve si bien ensemble ! Je ne veux point vous en parler davantage, ni célébrer, comme vous dites, toutes les pensées qui me pressent le cœur : je veux me représenter votre courage, et tout ce que vous m’avez dit sur ce sujet, qui fait que je vous admire. Il me parut

  1. 3. Dans notre copie, Bussy avait d’abord écrit : « quand tout me manqueroit ; » il a ajouté : « cela » au-dessus de la ligne.