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qu’ils sollicitent, qu’ils s’intéressent pour vous. Je crois vous l’avoir déjà dit, il n’est pas possible de vous accorder avec eux ; car il se rencontre malheureusement que leur fantaisie, c’est justement de faire toutes ces choses ; mais comme il est plus établi que ce sont nos amis qui nous servent, que de vouloir que ce soient nos seuls ennemis, je crois, ma fille, que vous ne gagnerez pas ce procès-là, et que nous demeurerons en possession de vous témoigner notre amitié toutes les fois que nous le pourrons, comme on l’a toujours observé depuis la création du monde, c’est-à-dire depuis qu’il y a de la tendresse.

Vous m’avez fait plaisir de me parler de mes petits-enfants ; je crois que vous vous divertirez à voir débrouiller leur petite raison. Je souhaite fort que vous n’alliez point à Aix ; vous serez bien plus en repos à Grignan, et vous y ferez revenir plus tôt M. de Grignan. Obtenez encore cette petite absence de sa tendresse, et tâchez de faire venir Monsieur l’Archevêque[1] passer les chaleurs avec vous : vous n’en serez point incommodés avec le secours de votre bise. J’attends une grande lettre de M. de Grignan : est-il possible qu’il trouve les jours trop courts pour m’écrire ? pour moi, je les trouve d’une longueur qui pourroit faire entreprendre et achever un bâtiment, en commençant un peu matin ?

Mme de Montespan continue le sien[2], elle s’amuse fort à ses ouvriers. Monsieur y va fort souvent. Elle va à Saint-Cloud jouer à l’hombre. Il y a des dames qui la vont voir à Clagny. Mme de Fontevrault y doit passer quelques jours ; elle venoit dans la joie de voir son père[3],

  1. 6. L’archevêque d’Arles.
  2. 7. Son bâtiment : le château de Clagny. Voyez les lettres du 14 juin et du 7 août suivants.
  3. 8. Gabriel de Rochechouart, duc de Mortemart, pair de France, premier gentilhomme de la chambre du Roi, gouverneur de Paris,