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occupé des beaux yeux de sa cassette[1] ; mais pendant qu’il la regarde et la visite de tous côtés, le cardinal Commendon[2] me tient une très-bonne compagnie. Le temps et le chemin sont admirables : ce sont de ces jours de cristal où l’on n’a ni froid ni chaud ; notre équipage nous mèneroit fort bien par terre : c’est pour nous divertir que nous allons sur l’eau. Ne soyez point en peine de Marie, elle me fait tout comme Hélène. Je préviens votre inquiétude : ma santé est parfaite ; je la gouverne dans la vue de vous plaire. Je vous aime, ma très-chère bonne : cette tendresse fait ma plus douce et ma plus charmante occupation. Je vous embrasse mille fois de tout mon cœur.

Je ne me vante pas d’être amie de Monsieur le Premier[3] ; mais je l’ai vu assez souvent chez M. de la Rochefoucauld, chez Mme de Lavardin, chez lui, et deux fois chez moi : il me trouve avec ses amis, et vous savez les sortes de réverbérations que cela fait[4].

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444. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À M. DE COULANGES..
À Orléans, mercredi 11e septembre.

Nous voici arrivés sans aucune aventure ; je me suis reposée cette nuit, comme je vous l’avois dit, dans le lit de

  1. Voyez tome III, p. 234.
  2. La vie du cardinal Commendon, par M. Fléchier. (Note de Perrin.) Elle a été écrite en latin par Gratiani, évêque d’Amélia. L’original (de Vita Commendonis cardinalis libri IV) fut imprimé à Paris, par les soins de Fléchier, en 1669, et la traduction de Fléchier parut en 1671.
  3. Henri de Béringhen, premier écuyer de la petite écurie du Roi.
  4. « Et vous savez que ces sortes de réverbérations font beaucoup. » (Édition de la Haye, 1726.)