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1675est très-aimable ; j’honore l’amitié que vous conservez l’une pour l’autre, malgré ce qui vous sépare : je vous loue de continuer fidèlement votre commerce.

J’ai couché à Veret cette nuit[1]. M. d’Effiat[2] savoit ma marche ; il me vint prendre sur le bord de l’eau avec l’abbé : sa maison passe tout ce que vous avez jamais vu de beau, d’agréable, de magnifique ; c’est pays plus charmant


Qu’autre qui soit sur la terre habitable :


je ne finirois point. M. et Mme Dangeau y sont venus dîner avec moi, et s’en vont à Valençay[3]. M. d’Effiat nous vient de ramener ici : il n’y a qu’une lieue et demie de chemin semé de fleurs ; il vient de nous quitter, en vous faisant mille sortes d’amitiés. Je n’ai point de quoi vous écrire, c’est le vilain papier de l’hôtesse qui me force de finir. Nous reprenons demain notre bateau, et nous allons à Saumur.

J’ai vu à Veret des lettres de Paris[4]. On croit que le prince d’Orange veut reprendre Liége[5] ; je crains que

  1. « Elle débarqua à deux lieues de Tours, à Mont-Louis ; et de là, traversant par terre l’espace de quatre kilomètres qui sépare la Loire et le Cher, elle alla coucher le 13 septembre à Veretz, dans le château originairement bâti par Jean de la Barre, comte d’Étampes. » (Walckenaer, tome V, p. 259.) Le duc d’Aiguillon, père du ministre, acheta cette terre, et le ministre y fut exilé. Le château a été abattu.
  2. L’abbé d’Effiat. Voyez tomes I, p. 440, note 5, et II, p. 401, note 5. — Il semble qu’il était alors exilé. Voyez les lettres du 17 septembre, et des 9 et 19 octobre suivants.
  3. Dangeau était gouverneur de Touraine. — Valençay est entre Blois et Châteauroux, au sud-est de Tours.
  4. Dans les éditions de 1726 : « J’ai reçu à Veret des lettres de Saumur. »
  5. La Gazette du 21 septembre annonce que dans la prévision d’une attaque, le maréchal d’Estrades fit entrer un renfort d’hommes et de vivres dans la citadelle de Liège ; dans le numéro du 28, elle dit que « le duc de Luxembourg est campé avec toute son armée, à