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1675lui donner la charge de Froulai[1] ; ce seroit un pas pour notre pauvre guidon.

Il est vrai, ma bonne, que cette année est terrible pour le maréchal de Créquy : je trouve, comme vous, qu’il n’est en sûreté ni en repos qu’avec les ennemis. Il a un peu dissipé les légions qu’on lui avoit confiées ; mais elles ne lui ont que trop obéi le jour de la bataille.

On me mande de tous côtés que M. de Mirepoix[2] est fort désabusé de la contrainte de tenir sa parole, et que nous n’aurons la ratification qu’à la pointe de l’épée.

Je trouve, ma bonne, que vous oubliez fort la manière de me remercier, qui étoit fort bonne : c’étoit de vous réjouir avec moi des occasions que j’avois de vous servir ; cela étoit admirable.

J’ai oublié de vous dire que cette bonne Tarente me revint voir deux jours après que j’eus été chez elle ; ce fut une grande nouvelle dans le pays. Elle fut transportée de votre petit portrait : nos filles qui sont en Danemark nous font une grande causerie. Écrivez-moi une douceur pour elle, que je lui puisse montrer. C’est elle qui seroit mon médecin, si j’étois malade : elle est habile, et m’a promis d’une essence entièrement miraculeuse, qui l’a guérie de ses horribles vapeurs ; on en met trois gouttes dans tout ce que l’on veut, et l’on est guéri comme par miracle. Ce n’est pas que je ne sois présentement dans une parfaite santé, mais on est aise d’avoir ce remède dans sa cassette.

Je vous prie de faire mes compliments à Monsieur l’Archevêque, et d’embrasser M. de Grignan pour moi. Je

  1. Voyez p. 81 et 88, les lettres des 22 et 26 août précédents, et p. 164, la note 16 de la lettre suivante.
  2. Voyez p. 76, la note 16 de la lettre du 21 août précédent.