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1675Blois Mme de Maintenon[1], et M. du Maine qui marche : cette joie est grande. Mme de Montespan fut au-devant de ce joli prince, avec la bonne abbesse de Fontevrault et Mme de Thianges : je crois qu’un si heureux voyage réchauffera les cœurs des deux amies[2].

Vous me faites un grand plaisir, ma très-chère, de prendre soin de ma petite : je suis persuadée du bon air que vous avez à faire toutes les choses qui sont pour l’amour de moi. Je ne sais pourquoi vous dites que l’absence dérange toutes les amitiés : je trouve qu’elle ne fait point d’autre mal que de faire souffrir ; j’ignore entièrement les délices de l’inconstance, et je crois pouvoir vous répondre, et porter la parole pour tous les cœurs où vous régnez uniquement, qu’il n’y en a pas un qui ne soit comme vous l’avez laissé. N’est-ce pas être bien généreuse de me mêler de répondre pour d’autres cœurs que le mien ? Celui-là, du moins, vous est-il bien assuré. Je ne vous trouve plus si entêtée de votre fils : je crois que c’est votre faute ; car il avoit trop d’esprit pour n’être pas toujours fort joli. Vous ne comprenez point encore trop bien l’amour maternel : tant mieux, ma fille ; il est violent ; mais à moins que d’avoir des raisons comme moi, ce qui ne se rencontre pas souvent, on peut à merveille se dispenser de cet excès. Quand je serai à Paris, nous parlerons de nous revoir : c’est un désir et une espérance qui me soutiennent la vie.

Adieu, ma très-chère ; je serois ravie, aussi bien que vous, que nous pussions nous allier peut-être aux Machabées[3] ; mais cela ne va pas bien ; je souhaite que votre lecture aille mieux : ce seroit une honte dont vous ne

  1. Elle ramenait le duc du Maine des eaux de Baréges.
  2. Voyez la lettre du 7 août précédent, p. 22 et suivante.
  3. Voyez la lettre du 13 octobre précédent, p. 177.