Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 284 —


1675qui viennent fondre sur nous ; il craint que vous n’ayez négligé d’envoyer les défenses de vos amis ; il voit cette affaire au conseil, où M. Colbert a sa voix aussi bien que M. de Pompone ; il a voulu être soutenu de mes pauvres lettres, dont il fera ce qu’il voudra. Je regrette de n’être pas en lieu de pouvoir agir moi-même, non pas que je crusse mieux faire que d’Hacqueville : c’est qu’on est deux, et que j’aurois au moins le plaisir de faire quelques pas pour vous ; mais la Providence n’a pas rangé ce bon office au nombre de ceux que j’ai dessein de vous rendre. Il est vrai que d’Hacqueville ne laisse rien à desirer : je n’ai jamais vu des tons et des manières fermes et puissantes pour soutenir ses amis comme celles qu’il a ; c’est un trésor de bonté, d’amitié et de capacité, à quoi il faut ajouter une application et une exactitude, dont nul autre que lui n’est capable. J’attends donc la fin de cette affaire avec l’espérance que me donne la confiance que j’ai en lui ; cependant je ne laisserai pas d’ouvrir ses lettres désormais avec beaucoup d’émotion, parce que je m’intéresse à la conclusion de cette affaire, qui me paroît d’importance pour la Provence et pour vous. On ne vous conseille point de faire aucune représaille du côté de la noblesse : ceux que vous pourriez attaquer en ont moins qu’ils ne pensent, mais ils en ont plus qu’il ne nous en faut : nous verrons. Je suis à une belle distance pour mettre mon nez dans tout cela. J’écrivis, il y a trois jours, à l’illustre Sapho[1] et à Corbinelli : ce n’est point par cet endroit que nous périrons ; je crains un ministre.

J’ai passé un jour à Vitré avec M. de Pommereuil, qui me dit, quasi devant la princesse, qu’il avoit séjourné pour l’amour de moi. Il a fait un grand bruit, dès Mali-

  1. LETTRE 478. — Mlle de Scudéry. (Note de Perrin.) — Elle avait de nombreuses relations en Provence. Voyez tome II, p. 212, note 4.