Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/344

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1676qu’on ne fasse que criailler. Mon fils s’en pâme de rire : je lui donnerai sur le nez tout aussitôt que je le pourrai. En attendant, ma chère enfant, je vous embrasse avec le bras gauche de tout mon cœur. Le frater vous va conter des lanternes. Votre eau de la reine d’Hongrie m’aura guérie avant que cette lettre soit à Paris. Adieu, ma chère enfant.

de charles de sévigné.

Je ne ris point, comme ma mère vous le mande ; mais, comme son mal n’est rien qui puisse causer la moindre inquiétude, on la plaint de ses douleurs, on l’amuse dans son lit, et du reste on fait tout du mieux que l’on peut pour son soulagement. Je crois que vous voulez bien vous reposer sur moi et sur le bon abbé de tout ce qui regarde une santé qui nous est si précieuse : soyez en repos de ce côté-là, ma petite sœur, car nous serons assurément guéris, quand vous commencerez d’être en peine.

Voici l’histoire de notre province. On vous a mandé comme M. de Coetquen étoit avec M. de Chaulnes : il étoit avec lui ouvertement aux épées et aux couteaux, et avoit présenté au Roi des mémoires contre sa conduite depuis qu’il est gouverneur de cette province. M. de Coetquen revient de la cour pour s’en aller à son gouvernement[1] par ordre du Roi : il vient à Rennes, va voir M. de Pommereuil, et passe depuis huit heures du matin qu’il arrive à Rennes jusqu’à neuf heures du soir, sans aller chez M. de Chaulnes ; il n’avoit pas même dessein d’y aller, comme il le dit à M. de Coetlogon, et se faisoit un honneur de braver M. de Chaulnes dans sa ville capitale. A neuf heures du soir, comme il étoit à son hôtellerie, et n’avoit plus qu’à se coucher, il en-

  1. LETTRE 492. — De Saint-Malo.