Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 340 —
1676
493. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES
DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, dimanche 19e janvier.
de madame de sévigné.

Je me porte mieux, ma très-chère ; ce torticolis étoit un très-bon petit rhumatisme : c’est un mal très-douloureux, sans repos, sans sommeil ; mais il ne fait peur à personne. Je suis au huitième ; un peu d’émotion et les sueurs me tireront d’affaire : j’ai été saignée une fois du pied, et l’abstinence et la patience achèveront bientôt ; je suis parfaitement bien servie par Larmechin[1], qui ne me quitte ni nuit ni jour. Enfin, ma fille, j’eus hier un extrême plaisir à lire vos lettres : c’est une conversation qui me ravit. Ne me venez point dire que vos bons succès de Provence vous sont fort indifférents ; je ne sais ce qui peut plaire au monde, si ce n’est une si parfaite petite victoire, et dont les effets doivent être si agréables dans la suite et si honorables pour vous. J’ai ces agréables nouvelles un peu plus tôt que vous ; et celle de l’assemblée de la noblesse qui a été aussi confirmée a comblé la mesure. Je vous envoie la lettre de M. de Pompone ; il me semble qu’elle est toute pleine de bonne amitié. D’Hacqueville me mande que notre cardinal a une fluxion sur la poitrine : j’en suis excessivement en peine, et bien plus que de moi. Je vous écrirois fort volontiers vingt-sept ou vingt-huit pages ; mais il ne m’est pas possible : mon fils vous achèvera le reste. Adieu, ma très-chère ; je vous embrasse, et c’est aujourd’hui du bras droit.

  1. LETTRE 493. — Valet de chambre de Charles de Sévigné. (Note de l’édition de 1818.)