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1676velle guerre. Celle que nous avons contre les Hollandois, les Espagnols et les Allemands suffira.

Nous avons lu les vers de l’opéra. Jamais vous n’avez entendu parler d’un goût si corrompu que le nôtre, depuis que nous sommes en Bretagne : nous trouvons l’oraison funèbre de Monsieur de Tulle fort belle, et nous trouvons l’opéra de cette année[1] incomparablement au-dessus de tous les autres. Pour vous dire la vérité, comme nous ne l’avons que depuis hier, nous n’avons encore lu que le prologue et le premier acte, que nous honorons de notre approbation. Ne croyez pas, s’il vous plaît, que nous en fassions autant de la Suite de Pharamond[2] : nous anathématisons tout ce qui n’est pas de la Calprenède.

Adieu, ma chère sœur : nous divertissons ma mère autant que nous pouvons ; c’est presque la seule chose dont elle ait présentement besoin ; car pour le reste, il faut qu’il ait son cours, et nous comptons sur trois semaines ; sa fièvre a diminué justement le sept : vous voyez bien que c’est une marque convaincante qu’il n’y a nul danger. Ne nous écrivez point de lettres qui nous puissent faire de la peine : elles viendroient hors de saison, et le chagrin de vous savoir en peine ne sera pas nécessaire à Madame votre mère convalescente. Mille compliments à M. de Grignan et à sa barbe, l’un portant l’autre.

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* 494. — DE MADAME DE GRIGNAN
AU PRÉSIDENT DE BERBISEY[3].
À Aix, le 19e janvier.

Je suis très-aise, Monsieur, que le retardement des .

  1. Atys. Voyez p. 337, note 8
  2. — Voyez ci-dessus, p. 290, note 2.
  3. LETTRE 494 (revue sur l’autographe). — Voyez la lettre du 22 décembre précédent, p. 294.