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ment qu’elle n’auroit plus de douleurs, elle pourroit aller à cloche-pied : elle est un peu attrapée de s’en voir si éloignée. Tout ira bien, pourvu que l’impatience ne fasse point de mauvais effet. Nous voulions vous envoyer une lettre de Mme de Vins, que ma mère reçut le dernier ordinaire ; mais à force de l’avoir voulu conserver, il arrive que nous ne la trouvons point. Sachez en gros que cette lettre étoit fort honnête : Mme de Vins assuroit qu’elle étoit persuadée que les Grignans avoient eu toute la raison de leur côté dans ces deux dernières affaires, et qu’elle ne vous avoit point écrit, parce qu’elle vous connoissoit trop d’esprit et trop de bon sens pour vouloir recommencer vos démêlés, puisque la cause en étoit ôtée ; elle dit aussi qu’elle a eu tant de chaleur pour les Grignans parce qu’ils avoient raison, qu’elle en est devenue suspecte aux autres : voilà grossièrement le sujet de la pièce. Vous pouvez croire à cette heure que vous avez lu la lettre ; je compte que nous la retrouverons dans quinze jours ou trois semaines : on a eu si grand’peur de l’égarer qu’on l’a mise bien précieusement dans quelque petit coin où personne ne la pût toucher ; nous n’y avons pas touché nous-mêmes, tant on a bien réussi à faire ce qu’on vouloit. Adieu, ma petite sœur.

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499. — DE CHARLES DE SÉVIGNÉ, SOUS LA DICTÉE DE MADAME DE SÉVIGNÉ, PUIS EN SON PROPRE NOM, À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, dimanche 2e février.
de madame de sévigné, dictant à son fils.

Ma chère fille, nous avons lu vos deux dernières lettres avec un plaisir et une joie qu’on ne peut avoir qu’en