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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/369

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1676occupée il ne faut pas craindre que je retombe malade par ma faute ; je crains tout ; l’on se moque de moi. Voilà donc, comme vous voyez, ce qui compose une femme d’assez mauvaise compagnie. Outre cela, le bon abbé ne se porte pas bien ; il a mal à un genou, et un peu d’émotion tous les soirs ; cela me trouble. Mme de Marbeuf[1] m’est venue voir de Rennes, mais je l’ai renvoyée passer le carnaval chez la bonne princesse : elles reviendront tantôt me voir ; mon fils y a passé un jour ou deux ; il s’en va dans cinq ou six : c’est une perte pour moi ; mais il n’y a pas moyen qu’il puisse différer davantage ; nous ne penserons plus qu’à le suivre. Mais, ma fille, qui peut me guérir des inquiétudes où je suis pour vous ? Elles sont extrêmes, et je demande à Dieu tous les jours d’en être soulagée par une nouvelle, telle et aussi heureuse que je la puisse souhaiter[2]. Je ne sais quand mes lettres redeviendront supportables ; mais présentement elles sont si tristes et si pleines de moi, que je m’ennuie de les entendre relire ; vous avez trop bon goût pour n’être pas de même : c’est pourquoi je m’en vais finir ; aussi bien la petite fille se moque de moi. J’attends vos lettres, comme la seule joie de mon esprit : je suis ravie d’entrer dans tout ce que vous me dites, et de sortir un peu de tout ce que je dis. Hélène est arrivée depuis deux jours, dont je suis ravie : elle me console de Larmechin qui s’en va. L’on me mande mille choses de Paris, sur quoi l’on pourroit discourir, si l’on n’avoit point les mains enflées. .

  1. Voyez ci-dessus, p. 197, note 5.
  2. Le texte de 1754 est ici très-différent de celui de 1734, que nous avons suivi : « Mon fils a passé deux jours avec elles ; il s’en va dans cinq ou six : c’est une perte pour moi ; mais il n’y a pas moyen qu’il diffère davantage ; nous ne penserons plus qu’à le suivre : cela consoleroit, si quelque chose pouvoit me guérir des inquiétudes où je suis pour vous. Je ne sais, ma fille, quand mes lettres, etc. »