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1676 neur mon médecin d’ici, et je prie mon fils, qui est à Paris, de demander à quelque médecin s’il n’y a rien qui puisse avancer cette guérison après deux mois de souffrance. Mandez-moi comme se porte Marignanes, et s’il a les mêmes incommodités que moi. Je suis ravie de la santé du petit garçon, mais je n’ose m’y attacher, parce que je n’ose espérer que vous vous soyez trompée : vous êtes plus infaillible que le pape. Je fonde donc toute mon espérance sur les contes à dormir debout que l’on vous fait à Aix : je les trouve extrêmement plaisants, et la rareté des enfants de neuf mois m’a fait rire.

À MONSIEUR DE GRIGNAN.

Je viens à vous, Monsieur le Comte : vous dites que ma fille ne devroit faire autre chose que d’accoucher[1], tant elle s’en acquitte bien. Eh, Seigneur Dieu ! fait-elle autre chose[2] ? Mais je vous avertis que si, par tendresse et par pitié, vous ne donnez quelque repos à cette jolie machine, vous la détruirez infailliblement, et ce sera dommage. Voilà la pensée que je vous veux donner, mon cher Comte, qui, comme vous voyez, n’est pas du dimanche gras.

À MADAME DE GRIGNAN.

Je reviens à vous, ma très-belle. Je crois que vous êtes bien aise de voir le Coadjuteur et la Garde : ce dernier ne va-t-il point à la cour ? Nous allons voir ce qui arrivera de l’affaire qu’il a proposée : elle est si bonne, que nous ne croyons pas possible qu’elle puisse réussir. On me mande de Paris que le chevalier est bien enragé de

  1. LETTRE 510. « Ne sauroit accoucher trop souvent. » (Édition de 1754.)
  2. « Que fait-elle autre chose? » (Ibidem.)