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1676je sens. Vous mîtes toute la ville dans la nécessité de souhaiter ma santé, par la tristesse que la vôtre répandoit partout. Peut-on jamais trop aimer une créature[1] comme vous, dont on est aimée ? Je crois aussi, ma chère fille, pour vous dire le vrai, que je ne suis pas ingrate ; du moins je vous avoue que je ne connois nul degré de tendresse au delà de celle que j’ai pour vous. Adieu, ma très-chère et très-aimable ; vos lettres me sont très-agréables, en attendant que vous veuilliez bien me donner quelque chose de plus : je l’espère, et le grand d’Hacqueville n’en doute pas.


*528. — DU CHEVALIER DE GRIGNAN[2]
AU CARDINAL DE RETZ.

Monseigneur,

Je suis obligé par trop de raisons à m’intéresser à ce qui vous arrive pour n’avoir pas pris la part que je devois à la perte que vous avez faite de Monsieur votre frère[3] : les obligations que toute la famille vous a, et moi en mon particulier, Monseigneur, ne me permettent

  1. Perrin, dans sa seconde édition (1754), a remplacé une créature par une fille.
  2. Lettre 528 (revue sur l’autographe). — Nous avons donné place dans la Correspondance à cette petite lettre du chevalier de Grignan, de qui il en reste bien peu. Il nous a paru qu’on ne verrait pas sans intérêt ces lignes adressées par un des hommes dont le nom revient le plus souvent dans nos lettres, à un des plus anciens et plus chers amis de Mme de Sévigné. — Sur le chevalier de Grignan, voyez tome II, p. 53, note 8.
  3. Pierre de Gondi, duc de Retz, frère aîné du cardinal, mourut le 20 avril 1676 on lit cette date au bas de son portrait gravé par Duflos. C’est par erreur que Moréri donne le 27 au lieu du 20.