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de madame de sévigné.

Vraiment ce seroit une chose désagréable que Pomier fût convaincu d’avoir part à cette machine. Ma chère enfant, je suis toute à vous[1].



530. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Paris, vendredi 1er mai.

Je commence, ma fille, par remercier mille fois M. de Grignan de la jolie robe de chambre qu’il m’a donnée : je n’en ai jamais vu une plus agréable. Je m’en vais la faire ajuster pour me parer cet hiver, et tenir mon coin dans votre chambre. Je pense souvent, aussi bien que vous, à nos soirées de l’année passée ; nous en pourrons refaire encore, mais la meilleure pièce de notre sac y manquera. Ce monsieur qui m’a apporté cette robe de chambre a pensé tomber d’étonnement de la beauté et de la ressemblance de votre portrait. Il est certain qu’il est encore embelli ; sa toile s’est imbibée, il est dans sa perfection : si vous en doutez, ma chère enfant, venez-y voir. Il court ici un bruit, dont tout le monde m’envoie demander des nouvelles. On dit que M. de Grignan a ordre d’aller pousser par les épaules le vice-légat hors d’Avignon : je ne le croirai point que vous ne me le mandiez. Les Grignans auroient l’honneur d’être les premiers excommuniés, si cette guerre commençoit ; car l’abbé de Grignan, de ce côté-ci, a ordre de Sa Majesté de défendre aux prélats d’aller voir Monsieur le Nonce. Ce petit monsieur dit que vous êtes très-belle ; il croit

  1. Ce dernier paragraphe n’est que dans l’édition de 1725 et dans celle de la Haye (1726).