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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/439

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1676vous pouvez penser ; il a été à Rome jusqu’à vingt-deux ans : enfin, après quelques voyages, M. de Nevers et M. de Brissac l’ont amené en France, et M. de Brissac l’a mis pour le reposer dans le beau milieu de l’abbaye de Chelles, dont Mme de Brissac[1], sa sœur, est abbesse. Il a un jardin de simples dans le couvent ; mais il ne me paroit rien moins que Lamporechio[2]. Je crois que plusieurs bonnes sœurs le trouvent à leur gré, et lui disent[3] leurs maux ; mais je jurerois qu’il n’en guérira pas une que selon les règles d’Hippocrate. Mme de Coulanges en vient, qui le trouve comme je l’ai trouvé : en un mot, tous ces jolis musiciens de chez Toulongeon[4] ne sont que des grimauds auprès de lui. Vous ne sauriez croire combien cette petite aventure nous a réjouies.

Je veux vous parler du petit marquis[5]. Je vous prie que sa timidité ne vous donne aucun chagrin. Songez que le charmant marquis[6] a tremblé jusqu’à dix ou douze ans, et que la Troche avoit si grand’peur[7] de toutes choses, que sa mère ne vouloit plus le voir : ce sont deux

  1. Marie-Guyonne de Cossé, qui mourut le 13 juillet 1707.
  2. Voyez le conte de Mazet de Lamporechio, par la Fontaine. (Note de Perrin.) — C’est le dernier de la deuxième partie, publiée en 1666.
  3. Dans l’édition de 1754 : « le trouveront.… et lui diront…. »
  4. Frère aîné du comte de Gramont, et homme de très-bonne compagnie. (Note de Perrin.) Henri de Gramont, comte de Toulongeon, frère puîné du maréchal et frère aîné du comte Philibert, à qui il laissa ses biens en mourant (septembre 1679). Il était depuis 1668 sénéchal et gouverneur du comté et pays de Bigorre. Voyez la Correspondance de Bussy, tome IV, p. 468.
  5. De Grignan.
  6. Ce mot charmant n’indiquerait-il pas le marquis de Villeroi ? (Note de l’édition de 1818.) — Perrin dit que c’est le marquis de la Châtre qui est désigné ici. Seulement veut-il dire l’amant de Ninon, ou son petit-fils qui remporta le prix au carrousel de 1686 ?
  7. Dans l’édition de 1734 : « avoit si peur. » — Sur la Troche, voyez ci-dessus, p. 269, note 1, et tome III, p. 122, note 2.