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1676séances, mais beaucoup plus à la pure et simple amitié, qui occupa tout le soir. Hier on alla ensemble à Versailles, accompagnés de quelques dames ; on fut bien aise de le visiter avant que la cour y vienne. Ce sera dans peu de jours, pourvu qu’il n’y ait point de hourvaris[1].

On a confronté Penautier à la Brinvilliers ; cette entrevue fut fort triste : ils s’étoient vus autrefois plus agréablement. Elle a tant promis que si elle mouroit elle en feroit bien mourir d’autres, qu’on ne doute point qu’elle n’en dise assez pour entraîner celui-ci, ou du moins pour lui faire donner la question, qui est une chose terrible. Cet homme a un nombre infini d’amis d’importance, qu’il a obligés dans les deux emplois qu’il avoit[2]. Ils n’oublient rien pour le servir ; on ne doute pas que l’argent ne se jette partout ; mais s’il est convaincu, rien ne le peut sauver.

Je laisse là ma lettre je m’en vais faire un tour de ville, pour voir si je n’apprendrai rien qui vous puisse divertir. Mes mains sont toujours au même état : si j’en étois fort incommodée, je commencerois à faire tous les petits remèdes qu’on me propose ; mais je me sens un si grand fonds de patience pour supporter cette incommodité, que je vous attendrai pour me guérir de l’ennui qu’ils me donneront[3].

Je reviens de la ville, ma très-chère : j’ai été chez

  1. Hourvari, qui est proprement un terme de chasse, se dit dans le langage ordinaire de ce qu’on fait pour traverser les desseins d’une personne et rompre ses mesures. Ce sens a été omis dans la dernière édition du Dictionnaire de l’Académie (1835).
  2. De trésorier général des états de Languedoc, et de receveur général du clergé de France. (Note de Perrin.)
  3. « De l’ennui que les remèdes me donneront. » (Édition de 1754.)