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1676bonne princesse. Je crois que cette grâce du Roi vous fera plaisir à voir : c’est ainsi que l’on diminue les peines, au lieu de les augmenter[1].

Je reçois aussi, ma très-chère, votre lettre du 15e. Ce qui est dit est dit sur votre voyage ; vous m’en parlez toujours avec tant d’amitié et de tendresse, que j’en suis touchée dans le milieu du cœur, et suis étonnée d’avoir pu trouver en moi assez de raison et de considération pour vos Grignans, pour vous laisser encore à eux jusques au mois d’octobre. Je regarde avec tristesse la perte d’un temps où je ne vous vois point, et où je pourrois vous voir : j’ai là-dessus des repentirs et des folies, dont le grand d’Hacqueville se moque. Il voit bien que vous faites votre devoir auprès de M. l’archevêque d’Arles : n’êtes-vous pas bien aise d’être capable de faire tout ce que veut la raison ? Je vois que vous en savez présentement plus que moi. Je disois hier de Penautier ce que vous en dites, sur le peu de presse que je prévois qu’il y aura à sa table[2].

  1. La peine de mort prononcée contre le comte de Griffenfeld venait d’être commuée en une prison perpétuelle. Voyez plus haut, p. 156, la note 7 de la lettre du 2 octobre 1675, et p. 447, la lettre du 15 mai 1676. Mme de Sévigné se souvient sans doute ici de Foucquet, dont la peine avait été aggravée par une apparente commutation.
  2. On fit alors ce couplet :
    Si Penautier, dans son affaire,
    N’a su trouver que des amis,
    C’est qu’il avoit su se défaire
    De ce qu’il avoit d’ennemis.
    Si pour paroître moins coupable,
    Il fait largesse de son bien,
    C’est qu’il prévoit bien que sa table
    Ne lui coûtera jamais rien.
    (Note de l’édition de 1818.)